Interview partenaire : Maxime Grojean, président fondateur de Gaming Engineering
Gaming Engineering tend à s’imposer comme un nouvel acteur du secteur automobile, grâce à ses procédés innovants de fixation multi-matériaux, qui permettent un allègement conséquent des véhicules. Maxime Grojean, fondateur et dirigeant, revient sur le partenariat de sa start-up avec l’IRT M2P et les projets qui ont été menés jusqu’à présent.
Pouvez-vous nous présenter votre entreprise et ses activités ?
Gaming Engineering est une start-up industrielle qui est spécialisée dans les systèmes d'assemblage, en particulier les systèmes d’assemblage multi-matériaux à destination de l'automobile. Cela peut aussi intéresser l’aéronautique, et d’une manière générale, tous les moyens de transport qui nécessitent un allégement. L’objectif est de baisser les émissions de CO2 de la mobilité en général mais également lors de la production des véhicules.
C’est le secteur premier pour ces technologies qui sont les innovations qui nécessitent les travaux de recherche qu’on mène ensemble mais notre savoir-faire de production qui est la frappe à froid peut intéresser d’autres marchés.
Aujourd’hui, nous poursuivons notre développement : une dizaine de constructeurs européens et américains nous ont rejoint pour travailler autour de nos technologies, notamment Stellantis, notre partenaire historique, avec qui nous avons noué une relation très forte.
Quelles ont été les principales motivations vous ayant conduit à nouer un partenariat avec l’IRT M2P ?
Il y a quelques années maintenant, le groupe Renault, déjà partenaire de l’IRT M2P, avait identifié à la fois la pertinence de nos innovations mais aussi leur jeunesse. Ils nous ont proposé de contacter l’IRT M2P pour accélérer leur maturation. La mise en relation et le développement de cette relation ont été motivés par l’adéquation des savoir-faire humains et technologiques.
Aujourd’hui, il n’existe pas un endroit proposant l’ensemble des compétences nécessaires à notre développement comme c’est le cas à l’IRT M2P, que ce soit sur la compréhension de certains procédés, principalement des procédés d’assemblage, mais aussi des composites qui sont maîtrisés et qui permettent de positionner notre innovation dans un environnement d’experts et d’accélérer notre montée en puissance.
Sachant que l’accès à ces compétences rares est facilité grâce au soutien financier attractif du PIA qui contribue à doper l’investissement dans la R&D !
Gaming Engineering et l’IRT M2P sont liés par l’innovation industrielle, sur quels types de projets collaborez-vous et comment ce partenariat se traduit-il au quotidien ?
Par innovation, on entend surtout la capacité à passer d’un concept à une innovation robuste et intégrable dans l’industrie. On soumet une innovation à nos clients cibles et on constate un intérêt. On comprend ensuite quelles sont leurs problématiques et leurs attentes pour pouvoir apprécier la qualité et mesurer l’efficacité de notre innovation.
Dès lors, on constate quels sont les plans d’actions à mener et les interactions à mettre en place avec l’IRT M2P pour parvenir jusqu’à la production de la série souhaitée : compétences humaines, plateformes technologiques, mise en place de plans d’essais en correspondance avec les besoins des donneurs d’ordres finaux… Tout cela, on ne peut pas le faire seul en termes de moyens.
Par ailleurs, l’IRT M2P se positionne comme un tiers face au donneur d’ordres. Il s’agit d’une structure indépendante qu’il peut solliciter sur d’autres sujets et dont il connait les compétences. C’est à la fois intéressant pour le donneur d’ordres parce qu’il va obtenir des résultats fiables et justes, et à la fois pour une société telle que la nôtre parce que cela met en valeur nos technologies.
Depuis la naissance de notre partenariat en 2019, plusieurs projets ont été lancés.
Le projet COMMERWIN concerne la montée en maturité d’ERWin®, une solution innovante d'assemblages multi-matériaux (composite, aluminium, plastique, acier) développée par Gaming Engineering. L’objectif est une intégration de la solution dans les caisses en blanc à court terme en vue de l'introduction de matériaux plus durables face aux nouveaux enjeux environnementaux auxquels doit faire face l’industrie automobile.
L’étude de faisabilité GAMM, mené en partenariat avec ArcelorMittal, a permis de démontrer la possibilité, grâce à notre technologie, d’intégrer dans le cadre de mix multi-matériaux des aciers de nouvelle génération avec de plus hautes caractéristiques mécaniques ainsi que la compatibilité de nos technologies avec un nouveau matériaux développé par ArcelorMittal.
Le projet SIAMESE, quant à lui, concerne le développement d’un nouveau produit, du concept jusqu’à l’obtention d’un produit intégrable sur véhicule avec toutes les questions relatives aux composants, assemblages et process d’industrialisation. On parcourt l’échelle TRL dans sa globalité.
Comment envisagez-vous l’évolution de cette relation dans les années à venir ?
En s’engageant dans de nouveaux projets, seul en tant qu’industriel dans le cadre de développement en amont comme c’est le cas pour le projet SIAMESE ou alors avec d’autres partenaires (par ex. : donneurs d’ordres, constructeurs automobiles, équipementiers, fournisseurs). Nous allons poursuivre cette démarche pour monter en puissance, accélérer notre industrialisation et répondre à ce qu’est la vocation d’un IRT, à savoir accompagner les industriels et faire en sorte qu’ils grandissent et deviennent des champions sur des compétences bien précises.
D’après vous, quels sont les avantages pour les start-ups à rejoindre l'IRT M2P et quels conseils pourriez-vous leur donner ?
Pour les start-ups, c’est quasiment une nécessité, en tout cas pour les start-ups industrielles, dès lors qu’elles développent des produits innovants intégrant des matériaux et des procédés. Si elles souhaitent accélérer leur déploiement et se structurer dans le processus de développement de leurs produits, l’IRT M2P peut leur offrir un cadre qui correspond à cet objectif. Lorsqu’on monte un projet avec un IRT, on planifie ses essais et on structure son approche de développement, cela est donc plus rapide et on développe un produit qui est beaucoup plus abouti. Je pense que pour une start-up c’est primordial. Cette observation est également vraie pour l’ensemble des industriels, PME, comme ETI !
Un autre aspect intéressant : cela permet d’engager des relations sous un autre angle en impliquant dans un projet un partenaire qui peut être à la fois la cible cliente et le donneur d’ordres. Cela lui permet de mesurer l’efficacité de l’innovation et de contribuer à son développement pour que ce soit en adéquation avec son besoin final.
A l’issue du programme, cela peut donner lieu à de nouvelles relations entre le partenaire et la start-up. L’objectif est d’avancer dans le processus de montée en maturité de l’innovation, c’est la garantie qu’apporte M2P par rapport à sa structuration. De plus, cela permet le développement de son réseau tant en termes de contact que d’accès aux compétences, une chance non négligeable pour une start-up !